Pour Etienne

Publié le par Rugby Haguenau

L'ovalie dans le sang

     Véritable pépite de la formation haguenovienne, Étienne Quiniou, 18 ans, s'est lancé le pari fou de conquérir le Sud-Ouest. Repéré par Dax, le demi de mêlée entend s'installer progressivement comme un titulaire indiscutable à son poste, en Pro D2. Le pôle France de Marcoussis, qu'il a intégré cette saison, pourrait lui ouvrir d'autres perspectives, plus alléchantes encore...

L'Alsacien Étienne Quiniou n'a jamais cessé de suivre une trajectoire ascendante, depuis qu'il a débuté le rugby. Une question demeure en suspens : où s'arrêtera le jeune prodige ? (Photo DNA - Jean-Louis Doppler) 

 

Étienne Quiniou a rejoint le monde du rugby assez tôt pour dessiner lui-même les contours de sa destinée de sportif. Le récit de sa trajectoire en cours, par le jeune Bas-Rhinois aux 18 bougies, transpire l'originalité, dans une région où beaucoup de joueurs - pour des raisons culturelles - percent sur le tard.

« Je jouais avec mon papa en rentrant de l'école »

      Quand lui est déjà riche d'un vécu de presque une décennie et demie dans le milieu, d'autres effectuent, à son âge, leurs premiers pas sur les pelouses alsaciennes. Et touchent, fatalement, plus vite leurs limites...
 « J'ai débuté à Haguenau, le club créé par mon grand-père, à l'âge de 4 ans, raconte Étienne Quiniou. Le ballon ovale, ça me plaisait, j'y jouais avec mon papa en rentrant de l'école. Je partageais cette passion avec tous mes copains d'enfance, que je retrouvais les samedis lors des tournois. Ici, j'ai côtoyé de très bons entraîneurs, qui m'ont enseigné le travail, l'humilité et la nécessité de considérer en permanence que rien n'est jamais acquis. »

« J'effectue une licence, les profs m'appellent et je les vois à la webcam »

      Le petit Étienne, contaminé par sa famille, ne s'en rend sans doute pas encore compte, mais il a quelque chose en plus dans le jeu. Et cette dose de talent supplémentaire lui permettra de taper dans l'œil de tous ceux qui, au fil des années, prendront le temps de se pencher sur son cas.
 Cela commence par les observateurs du pôle espoir de Dijon, qui le convient en 2007, pour un bail de trois saisons. Les techniciens du club de Dax (Pro D2) leur emboîteront le pas, courant 2010, rapidement suivis par leurs homologues du pôle France de Marcoussis, usine à internationaux de tout premier plan.
 Le demi de mêlée de conversion - il évoluait au poste d'ouvreur à Haguenau - partage ainsi son temps entre l'Essonne et les Landes. « J'effectue actuellement une licence en management et gestion des entreprises, après avoir obtenu mon Bac ES l'an dernier, confie-t-il. Je reçois mes cours par visioconférence : les profs m'appellent et je les vois à la webcam ! »
 Dès son arrivée dans le Sud-Ouest, Étienne Quiniou découvre un environnement unique, savant mélange d'exigences de travail inédites pour lui et de matchs de championnat aux allures de rendez-vous festifs.
 « Je m'entraîne deux fois par jour au minimum, souligne-t-il. Le corps s'habitue à souffrir. A Dax, tout est anticipé et millimétré. On répète les enchaînements jusqu'à les maîtriser à la perfection. L'engouement autour des rencontres est sans équivalent, on joue devant 4 000 fans en moyenne. »

« Quand 7 000 personnes hurlent dans le stade, forcément ça perturbe... »

      L'Alsacien évoque cet instant inoubliable, vécu il y a un mois à peine : « Lors du grand derby à Mont-de-Marsan, 7 000 supporters hurlaient dans le stade ! Forcément, ça perturbe et sur le terrain, les joueurs ont davantage de difficultés pour communiquer. »
 Étienne Quiniou a l'avantage d'affronter cette pression dans un cadre... apaisant. « Je suis en colocation avec trois coéquipiers de mon âge, sourit-il. Nous sommes nourris-logés, on a une maison pour nous, je vis cette situation comme une chance. Après, il y a le climat : l'été dernier, je suis beaucoup allé à la plage et je n'ai pas senti une goutte de pluie ! A Dax, je ne sais même pas si les gens connaissent les températures négatives. »
 Le jeune Bas-Rhinois les a retrouvées une dizaine de jours durant la coupure de Noël. Et pour cause, il a passé les vacances - « mes premières depuis un moment » - en famille, du côté de Haguenau. Là, finalement, où sont nés tous ses rêves...

Amaury Prieur

Un pôle aux petits soins

     Doté de moyens en conformité avec son standing, le pôle France de Marcoussis peut choyer à sa guise les athlètes qu'il a soigneusement sélectionnés.
 « Nous bénéficions de structures exceptionnelles, s'enthousiasme Étienne Quiniou, intégré tout récemment à raison de quatre jours par semaine, du lundi au jeudi. Les entraînements peuvent se dérouler, au besoin, sur des terrains synthétiques couverts. Les joueurs ont accès à des saunas, des hammams, des jacuzzis... Il y a vraiment tout pour réussir. »
 Les responsables du pôle France veillent à ce que leurs athlètes conservent une hygiène de vie exemplaire. A cet effet, ils leur demandent de signer une charte. « Nous nous engageons à ne pas fumer ni boire de l'alcool, et à proscrire toute consommation de produits dopants, révèle le demi de mêlée alsacien. Nous sommes régulièrement soumis à des prises de sang et nous recevons beaucoup de conseils de diététiciens. »
 C'est à ce prix que le rugby français façonne ses futurs internationaux.

Publié dans Débat

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